My Journey Around The World

in utero novem mensibus

 

Il y a un peu plus de neuf mois (on dira que c’est un accouchement tardif et que la durée est symbolique), j’apprenais que j’étais porteur du Syndrome d’Asperger.

 

 

 

Sans que je m’en rende compte (tout en en étant conscient), mon cerveau se transformait. Sous mes mots, cela donnait, « mes neurones se reconnectent »…. et mes sens changeaient complètement d’orientation.

 

 

 

Enfermé sur moi même, que j’étais…. Je sentais mais je sentais pas, je voyais mais je ne voyais pas, j’entendais mais je n’entendais pas, je goûtais mais je ne goûtais pas, je touchais mais je ne touchais pas.

 

 

 

Vidi autem ego non videbo

 

Premier sens touché, les yeux. Peut-être parce que je suis un assez grand myope. De toute ma fratrie, je suis le moins atteint. Toute ma vie, j’ai dit que je pourrai vivre en noir et blanc. J’aime le noir et blanc, j’aime son côté vintage, les échelles de gris, la profondeur de champ.

 

 

Et sortie de l’Hôpital Psychiatrique, la première réflexion que fis et de dire, à haute voix, « Ils ont changé les emballages ». Mais je n’étais resté qu’un mois à l’HP et j’avais été au Supermarché la veille de mon « internement volontaire ».

 

 

Je me souviens avoir visité le Musée d’Orsay avec mes fils et d’en sortir en disant « mais que ces peintures sont fades ».

 

Pour moi, une peinture visible était la peinture pelliculé d’une belle édition papier. Seules deux petites marines avaient trouvé grâce à mes yeux ».

 

 

A l’heure qu’il est, je suis sensible à toutes les couleurs au point que parfois, elles me font mal aux yeux. Et si je reste fermement fidèle au noir et blanc, je sens les couleurs sur mes yeux.

 

Comment le bébé qui naît vois-t-il les couleurs du monde ?